A ce jour, plus de 10000 entreprises sont signataires du Global compact des Nations Unies (1), ce qui illustre leur volonté de jouer un rôle pour le développement durable. Nombreuses sont celles qui ont su identifier et engager les stratégies et actions permettant d’améliorer leur empreinte environnementale, tout en préservant leur compétitivité. L’amélioration de l’efficacité énergétique des procédés de fabrication, la diminution des emballages, ou le recours à des matières premières recyclées sont des pratiques courantes.
Le changement climatique désormais accepté par la majorité comme une réalité scientifique, et la prise en compte des limites planétaires (2) accroissent les attentes et la pression sociétale sur les entreprises. Pour les citoyens, leur inaction n’est plus acceptable, et leurs actions sont souvent perçues comme insuffisantes, voire considérées comme des actions de valorisation de leur image, donc du « greenwashing ».
Selon la revue du MIT Sloan Management (3) seule une vision écosystémique permettra d’apporter les solutions urgentes et drastiques aujourd’hui nécessaires pour la préservation de la planète et de ses habitants. Cependant pour rendre cette notion de « limites planétaires » concrète pour l’entreprise dans son territoire et son secteur, les étapes préalables sont nombreuses, et difficiles à mettre en place. Ainsi, si deux tiers des cadres dirigeants acceptent la réalité du changement climatique, seulement la moitié d’entre eux pensent que leur entreprise est capable d’y faire face.
D’autant plus qu’une entreprise n’est pas seule face à ces défis, car tout un écosystème d’acteurs lui est connecté. En créant une vision commune, partagée et incarnée par toutes les parties prenantes, l’entreprise pourra jouer son rôle de catalyseur et leader du changement.
Par ailleurs, l’impératif pour l’entreprise de connaître sa chaîne de valeur, jusqu’aux champs et aux océans d’où proviennent ses matières premières, en assumant ses responsabilités sociales et environnementales, doit encore renforcer son attention au dialogue avec les parties prenantes.
Notons ici le rôle des ONG, sentinelles de longue date de la protection de l’environnement et de la justice sociale, qui peuvent orienter l’entreprise dans ses choix (même si l’on peut regretter que les formes de protestation retenues parfois ne soient pas de nature à favoriser le dialogue). Certains boycotts, déclarés des mois après les premières alertes des ONG, ont fini par nuire aux entreprises n’ayant pas su changer leur politique et leurs pratiques, comme ce fut le cas dans le cadre des persécutions contre les Ouïghours, dans la province chinoise du Xinjiang (4) .
Ainsi, plus une entreprise sera dans la consultation et l’implication de ses parties prenantes pour définir une vision commune, plus elle sera forte et soutenue dans sa démarche dans la durée pour conduire les changements. La sensibilisation, la formation, et l’implication des consommateurs et citoyens vers une meilleure compréhension des enjeux de la transition, et des réalités du monde économique, permettront alors de passer de la gestion par le risque à une vraie démarche de co-construction.